Mazda Motor Corporation a annoncé que la Mazda 787B, victorieuse au Mans, participera à une démonstration sur le célèbre circuit de la Sarthe dans le cadre du week-end du centenaire des 24 heures du Mans. Le célèbre vainqueur des 24 Heures du Mans 1991 rejoindra d’autres voitures gagnantes lors d’une démonstration sur le circuit mondialement connu avant la course de cette année.
Propulsée par un moteur à quatre rotors, la Mazda 787B est devenue la première voiture japonaise à gagner Le Mans. L’Automobile Club de l’Ouest (ACO) a invité Mazda à effectuer une démonstration avec la voiture victorieuse de 1991 dans le cadre des célébrations du centenaire des 24 Heures du Mans. La voiture sera pilotée par Yojiro Terada, qui a participé 29 fois aux 24 Heures du Mans et a terminé à la 8e place en 1991 au volant de la Mazda 787, voiture sœur du vainqueur.
Pour célébrer le 100e anniversaire des 24 Heures du Mans, jusqu’à 70 voitures gagnantes des années précédentes seront exposées au Musée du Mans, situé à l’extérieur du premier virage du Circuit de la Sarthe, du 1er juin au 2 juillet. Avant la course de cette année, qui aura lieu les 10 et 11 juin, la Mazda 787B effectuera une démonstration avec d’autres voitures japonaises emblématiques victorieuses au Mans de Toyota Motor Corporation/Toyota Gazoo Racing. Pendant la semaine de course du centenaire du Mans, une exposition à thème « Japan Endless Discovery » sera organisée en collaboration avec l’Organisation nationale du tourisme du Japon (JNTO), Toyota et Mazda. Outre la promotion du tourisme au Japon pour les spectateurs des 24 Heures du Mans, les initiatives japonaises en matière de neutralité carbone seront exposées. Dans ce cadre, Mazda présentera la Mazda MX-30 R-EV, équipée d’un moteur rotatif faisant office de générateur électrique.
Alors que la future Mazda MX-30 R-EV représente la prochaine utilisation de la technologie unique du moteur rotatif de Mazda, la victoire au Mans en 1991 a été un moment emblématique dans l’histoire du moteur rotatif de Mazda, une technologie qui a mis en évidence l’éthique de Mazda qui consiste à ne jamais cesser de relever des défis. Lorsque, le 23 juin 1991 à 16 heures, Johnny Herbert franchit la ligne d’arrivée de la course des 24 heures du Mans et remporte la victoire, il s’agit d’un exploit unique. Mazda était devenu le premier constructeur japonais à remporter la course d’endurance la plus célèbre au monde, et il l’avait fait avec un moteur totalement unique qui avait captivé les fans sur le circuit avec sa bande-son percutante.
La Mazda 787B victorieuse a parcouru 362 tours du célèbre circuit français et, au cours de ses 28 arrêts au stand, elle n’a reçu qu’un seul appoint d’huile, un changement de disques et de plaquettes de frein, ainsi qu’un changement de nez. En outre, la 787B à quatre rotors R26B de 700 ch n’a eu besoin que de carburant et de pneus, prouvant ainsi la fiabilité, l’efficacité et les performances de la technologie unique du moteur rotatif de Mazda.
Volker Weidler et Bertrand Gachot, deux autres pilotes de Formule 1, partageaient la voiture victorieuse avec Herbert, et pour ce trio de jeunes pilotes, la course s’est déroulée sans incident. Grâce à un bon départ, Weidler a gagné des places à partir de la 23e place de la 787B sur la grille de départ et, à 18 heures, le numéro 55 était dans le top 10. À la mi-course, à 4 heures du matin, le rythme et la fiabilité de la Mazda lui ont permis de se hisser à la troisième place. À trois heures de la fin de la course, la Mazda occupait la deuxième place lorsque la Mercedes-Benz de tête a connu des problèmes de moteur et s’est retirée de la course.
La Mazda 787B numéro 55 a donc pu enchaîner les tours et franchir la ligne d’arrivée pour remporter la victoire finale pour le Japon dans une course que Toyota et Nissan ont essayé de gagner tout au long de l’ère du Groupe C. Pourtant, c’est le constructeur relativement petit du Japon qui a été le premier à remporter la victoire. Pourtant, c’est le relativement petit constructeur d’Hiroshima et son moteur rotatif qui ont remporté la première victoire au Mans pour une marque japonaise. De manière encore plus poignante, Mazda savait déjà que le moteur rotatif serait interdit au Mans en 1992, de sorte que la victoire de 1991 était la dernière chance de gagner avec un moteur rotatif. Avec un châssis conçu par le Britannique Nigel Stroud, la Mazda 787B a également été la première voiture à gagner Le Mans avec des freins en carbone. Pour couronner cette belle course, la Mazda 787B numéro 18, sa sœur, a terminé sixième et la Mazda 787 numéro 56, plus ancienne, huitième – un énorme succès pour Mazda et le point culminant d’une histoire au Mans qui a commencé 21 ans plus tôt.
La première fois que le nom de Mazda est apparu sur la liste des engagés au Mans, c’était en 1970, lorsque l’équipe belge Team Levi’s International a engagé une Chevron B16 propulsée par un moteur Mazda 10A à deux rotors de 200 ch. La course de 1970 est connue pour être l’année où, pour des raisons de sécurité, les organisateurs ont mis fin à la traditionnelle traversée de la piste par les pilotes au départ. C’est également l’année où Steve McQueen a filmé la course pour son film emblématique Le Mans (1971). D’ailleurs, un cinéphile à l’œil averti apercevra un bref passage de la Chevron-Mazda dans ce classique du cinéma. Malheureusement, lors de la course elle-même, la petite Chevron s’est retirée prématurément d’une course rendue célèbre par des pluies torrentielles et la première victoire de Porsche au classement général.
Après deux ans d’absence, une voiture motorisée par Mazda revient au Mans en 1973 – le châssis japonais Sigma MC74 est équipé d’un moteur rotatif 12A de 260 ch. Elle se qualifie en 14e position mais abandonne pendant la nuit en raison d’une suspension cassée. La petite équipe japonaise Sigma est revenue en 1974 avec un châssis MC74 mis à jour et équipé d’un moteur rotatif 12A. L’équipe de pilotes, entièrement japonaise, comprenait Yojiro Terada qui a participé 18 fois au Mans avec des voitures motorisées par Mazda, remportant 4 victoires de classe au cours de sa carrière.
En 1975, une RX-3 française engagée à titre privé participa aux 24 Heures du Mans, n’ayant pas réussi à se qualifier en 1974. Après les voitures Chevron et Sigma motorisées par Mazda au début des années 70, il s’agissait de la première combinaison châssis-moteur « tout Mazda » à courir au Mans. Après une interruption de quatre ans, une Mazda était de retour au Mans en 1979 avec une RX-7 engagée par le concessionnaire japonais Mazda Auto Tokyo dirigé par Takayoshi Ohashi – un homme qui allait jouer un rôle déterminant dans le développement ultérieur de Mazda. Propulsée par un moteur rotatif 13B de 258 ch, elle échoue à la qualification pour seulement 69/100e de seconde. Cependant, ce fut la première des quatre années où des RX-7 sont apparues au Mans.
Le Mans 1980 a vu une autre RX-7 engagée par un concessionnaire au Mans – cette fois par un concessionnaire américain du New Jersey. Cette RX-7 IMSA privée était équipée d’un moteur 12A et a terminé la course à la 21e place au classement général, ce qui en fait la première Mazda et la première voiture à moteur rotatif à être classée au Mans. L’équipe britannique Tom Walkinshaw Racing (TWR) entretenait déjà une relation avec Mazda et la RX-7, faisant rouler des RX-7 aux spécifications « voiture de tourisme » dans les championnats européen et britannique de voitures de tourisme, remportant le titre BTCC en 1980 et 1981, ainsi que la victoire aux 24 heures de Spa en 1981. C’était donc le partenaire européen évident que Mazda Auto Tokyo devait solliciter pour l’aider à s’engager au Mans en 1981. Ils ont participé à la course de 1981 avec une paire de voitures avec une équipe mixte de pilotes japonais et britanniques dans chaque voiture. Engagées dans la classe IMSA-GTU, les RX-7 253 à moteur 13B n’ont pas terminé la course. Lors de la course de 1982, une paire de RX-7 Type 254 de la catégorie IMSA-GTX a été engagée au Mans et la voiture numéro 82 a terminé à la 14e place au classement général. Mais malgré tout son succès dans les courses de voitures de tourisme, les courses de voitures de sport américaines et les rallyes, le règlement du Mans n’a jamais vraiment permis à la RX-7 de se battre pour la gloire.
En 1983, c’est donc un changement total pour Mazda au Mans. L’équipe Mazda Auto Tokyo de Takayoshi Ohashi avait été rebaptisée Mazdaspeed au début des années 80 et devint en 1983 une filiale de Mazda. Avec cela, l’effort a pris de l’ampleur avec une voiture sur mesure construite spécifiquement pour Le Mans. Conçue pour concourir dans la classe secondaire du nouveau règlement du Groupe C, la Mazda 717C ne visait pas la victoire au classement général mais les honneurs de la nouvelle classe Groupe C Junior. La petite 717C ne pesait que 800 kg et était propulsée par un moteur rotatif 13B de 310 ch, tandis que ses longerons de roues arrière couverts contribuaient à réduire la traînée, ce qui lui conférait un coefficient de traînée de 0,27cd. Mazda cherchant un partenaire européen pour l’aider à faire rouler les voitures, Alan Docking Racing, basé à Silverstone, fut engagé pour l’aider. Deux voitures sont engagées au Mans – l’une avec un équipage japonais complet et l’autre avec les stars britanniques Jeff Allam, Steve Soper et James Weaver. Il est intéressant de noter qu’une autre voiture du Groupe C Junior était équipée d’un moteur Mazda – un châssis Harrier britannique équipé du même moteur 13B que les petites voitures d’usine 717c, mais cette équipe britannique n’a pas réussi à se qualifier.
Le 19 juin 1983, Mazda remporte son premier titre aux 24 Heures du Mans avec la victoire de Takashi Torino, Yojiro Terada et Yoshimi Katayama dans la catégorie Groupe C Junior au volant de leur Mazda 717C – ils terminent même 12e au classement général. L’édition 1984 du Mans fut l’occasion pour Mazda d’engager deux 727C dans la catégorie renommée Groupe C2. Avec une aérodynamique améliorée, la 727C était une version modernisée de la Mazda 717C de 1983. Ces Mazda 727C ont été rejointes par une paire de voitures C2 à châssis Lola, engagées dans la catégorie Groupe C2. Elles étaient propulsées par le même birotor 13B que les 727C. Ces Lola-Mazda soutenues par BF Goodrich utilisaient les pneus radiaux expérimentaux du sponsor. Les quatre voitures ont remporté une nouvelle victoire de classe, la Lola-Mazda BF Goodrich de Yoshimi Katayama, John Morton et John O’Steen terminant 10e au classement général et remportant le Groupe C2. L’autre Lola a terminé troisième de la classe, et les deux Mazda 727C quatrième et sixième du groupe C2.
Pour Le Mans 1985, Mazda engagea deux Mazda 737C à double rotor dans la classe Groupe C2. La voiture numéro 85, dont les pilotes étaient tous japonais, s’est classée troisième. Le moteur rotatif a une nouvelle fois démontré son potentiel et Mazda envisage désormais de passer à la classe supérieure. Dans le but de viser des positions plus élevées au classement général, Mazda passa au Mans 1986 à la classe IMSA GTP avec la nouvelle Mazda 757. Le moteur passe à trois rotors et le châssis est entièrement nouveau. Lors de leur première année, aucune des 757 n’a terminé la course suite à des problèmes avec leurs transmissions Porsche, mais sous la plume du designer britannique Nigel Stroud, la Mazda 757 était une déclaration d’intention. Cette volonté s’est concrétisée en 1987 lorsque la Mazda 757 de David Kennedy, Pierre Dieudonné et Mark Galvin a remporté la classe IMSA GTP et terminé septième au classement général du Mans 1987.
La Mazda 757 victorieuse en 1987 a servi de tremplin à la Mazda 767 à quatre rotors, encore plus rapide et plus puissante, qui a fait ses débuts aux côtés d’une 757 solo en 1988, et c’est la 757 plus ancienne qui a remporté une nouvelle victoire de classe. En 1989, deux 767B modernisés et un 767 ont été engagés. La 767B numéro 201 a remporté la classe GTP et s’est classée septième au classement général, tandis que la voiture sœur 202 s’est classée dixième au classement général et que la 767 plus ancienne s’est classée douzième. L’année 1989 fut une année faste pour Mazda et un grand succès pour Le Mans.
Pour Mazda, la tendance fructueuse consistant à présenter deux voitures entièrement nouvelles et l’un des châssis de l’année précédente en guise d’appoint s’est poursuivie en 1990 avec l’engagement de deux nouvelles Mazda 787 (voitures 201 et 202) et d’une Mazda 767B solo portant le numéro 203. La nouvelle Mazda 787 de 1990 était dotée d’un châssis en fibre de carbone et du nouveau moteur 26B à quatre rotors, plus léger, plus petit et plus économique que le 13J qu’il remplaçait. Il est doté de tuyaux d’admission variables et chaque rotor est équipé de trois bougies d’allumage. Lors de la course de 1990, les nouveaux 787 ont connu des problèmes électriques et de transmission, mais la Mazda 767B numéro 203 a terminé 20e et a remporté la classe GTP. Avec l’annonce de l’interdiction des moteurs rotatifs au Mans à partir de 1992, Mazda a une nouvelle chance de remporter le classement général avec son moteur unique.
En 1991, le développement de la Mazda 787 reprend de plus belle avec la nouvelle 787B, dotée d’un empattement plus long de 25 mm, de roues plus grandes de 18 pouces et de freins en fibre de carbone. La carrosserie a été revue pour améliorer le refroidissement et augmenter la force d’appui. Deux 787B ont été engagés aux côtés d’un 787 solo, le second 787B terminant sixième et le 787 huitième. Cependant, c’est la Mazda 787B châssis numéro 002 qui est entrée dans l’histoire en remportant une incroyable victoire au Mans.
Pour les fans présents au Mans en 1991, le souvenir le plus marquant sera sans doute l’incroyable cri des moteurs rotatifs Mazda et les flammes qui sortaient des pots d’échappement la nuit, alors que le trio de Mazdas s’élançait dans l’obscurité. Les ingénieurs Mazda, qui ont travaillé dur pour obtenir la reconnaissance ultime de leur travail, se souviendront longtemps de cette victoire, alors que l’équipe gagnante était véritablement internationale, les efforts de Mazdaspeed étant soutenus par l’organisation française ORECA, tandis que le concepteur de châssis britannique Nigel Stroud et le consultant belge de l’équipe, Jacky Ickx, six fois vainqueur au Mans, ont également joué un rôle important dans ce succès.
Avec l’aide de la livrée audacieuse du sponsor japonais Renown, la Mazda 787B portant le numéro 55 est devenue l’un des plus célèbres vainqueurs de l’épreuve du Mans. Immédiatement retiré de la compétition après la course, le châssis 002 de la Mazda 787B trône aujourd’hui au siège de Mazda à Hiroshima. Maintenu en parfait état de marche, il fait toujours chavirer le cœur des amateurs de voitures du monde entier lors des démonstrations, et une nouvelle génération de fans en fera l’expérience cette année à l’occasion des 24 Heures du Mans du Centenaire.
Plus de trois décennies après sa victoire pionnière, elle reste une icône dans le monde du sport automobile et un moment marquant dans les 103 ans d’histoire de Mazda. Pour célébrer cet événement, la Mazda 787B victorieuse sera également présentée au Mans Classic du 30 juin au 2 juillet. En outre, Mazda prévoit de présenter le 787B lors de divers événements au Japon et à l’étranger cette année. Mazda annoncera les détails spécifiques dès qu’ils seront confirmés.
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