Les musées automobiles prennent souvent racines dans la passion d’un homme qui au fil de sa vie de passionné collectionne et amasse ses véhicules passion, par thème, par marque ou par coup de cœur. Les constructeurs automobiles se sont également lancé dans la constitution de collections et de musées surfant ainsi sur la tendance positive pour leur image. Une belle occasion également pour ces entreprises de capitaliser sur leur passé. Ainsi, BMW, Mercedes-Benz, Porsche, Peugeot, Ferrari, Lamborghini et bien d’autres se sont lancés dans la préservation de leur patrimoine. Le musée qui nous intéresse aujourd’hui est à la croisée des chemins puisque c’est l’association des « anciens » de l’usine PSA de Poissy (dpt 78) qui ont décidé en 1984 de faire connaître, sauvegarder et valoriser les véhicules et objets ayant contribué à l’histoire automobile de cette usine.
SIMCA PREND LE POUVOIR
Créée en 1934 pour produire des Fiat sous licence en France, Simca va prendre un nouvel essor avec le rachat de Ford SAF en 1954. Dans la corbeille de la mariée, Thédore Pigozzi hérite ainsi du bureau d’étude de Ford SAF ainsi que du V8 de la Ford Vedette ou encore du coupé Ford Comète (puis Monte Carlo). Une belle occasion pour Simca de changer de dimension et de devenir définitivement un constructeur à part entière aux yeux de tous. Si les modèles populaires sont toujours au programme avec l’Aronde, Simca monte d’un cran avec les berlines Chambord, Versailles, Trianon, mais aussi avec des variantes de carrosseries coupés et cabriolets dessinées par Jean Daninos qui va ensuite voler de ses propres ailes avec ses Facel Vega. Fort de tous ces succès, la Simca 1000 va poursuivre le succès et la course au volume. L’usine de Poissy va concourir à cet essor par sa capacité de production industrielle.
TALBOT EPISODE 1 : DE SURESNES A POISSY
Anthony Lago est à bout de ressources. Pourtant ses Talbot Lago sont de belles machines prestigieuses et bien construites, avec une conception intelligente de qualité. Sous les long capot ont trouve un très beau six cylindres en ligne maison qui confère aux voitures de Suresnes noblesse et performances. Mais malgré cela, la France au sortir de la guerre ne favorise guère par ses priorités économiques ses constructeurs de prestige. Dommage, car l’Allemagne et l’Angleterre vont avoir un autre choix pour viser les USA et privilégier l’arrivée de devises étrangères vitales pour la relance de l’économie. Les Baby Lago s’éteignent à petit feu tout comme les Talbot Lago Sport T14 qui connaîtra le 6 en ligne maison, le V8 BMW pour les USA (la version « America »), un quatre cylindres (sic !) et puis voilà c’est la fin ou presque. Thédore Pigozzi alors puissant et fringuant patron de Simca, voisin d’Anthony Lago lui rachète son affaire qui n’est qu’un ensemble de dettes. Toutefois il reste encore quelques caisses de coupé Lago Sport T14 mais sans moteur (BMW ayant stoppé la fourniture faute de paiement). Ni une, ni deux, le sémillant patron de Simca fait étudier l’intégration du V8 « maison » ex-Ford SAF Vedette qui est sous le capot des Versailles. Une solution temporaire qui scellera la fin de Talbot en 1960 qui disparait de la scène automobile.
SIMCA SPORTIVES
Les années 60 sont définitivement les années de l’essor des voitures de sport. L’Europe veut se motoriser non seulement pour se déplacer mais désormais aussi pour s’amuser. Simca emboîte le pas d’autres constructeurs avec des coupés dérivés de la Simca 1000 dont Bertone signe les lignes (Coupé 1000 puis Coupé 1200) avant de prendre la place vacante de la Renault 8 Gordini avec sa saga Simca 1000 Rallye, Rallye 1, Rallye 2 et Rallye 3. Et dans le musée CAAPY, les deux coupés sont présents, tandis qu’une très belle et rare SImca 1000 Rallye 3 sont exposés pour notre plus grand plaisir.
MATRA S’INVITE DANS LE GROUPE !
Jean-Luc Lagardère décide de diversifier son groupe spécialisé dans l’armement et les missiles balistiques entre-autre au cours des années 60. Et dans les sixties, l’automobile est alors en plein essor, avec pour vecteur d’image et de modernité la compétition automobile. Engagement alors total dans les 24 Heures du Mans et la Formule 1 avec la réussite qu’on lui connaît en F1 avec Tyrrel et Jackie Stewart et au Mans après plusieurs tentatives. Sur nos routes, c’est avec le rachat de René Bonnet et sa Djet que Matra va démarrer. Puis vint la Matra 530 et son moteur V4 Ford puisque Renault n’acceptera plus que le moteur de la R8 Gordini qui équipait la Jet (qui a perdu son « D » en cours de route). Pas grave, Matra va s’allier finalement avec le groupe Simca pour accoucher de la Matra Bagheera puis la Murena ensuite. Dans les deux cas la formule reste identique : carrosserie suggestive, un concept étonnant de trois places de front, un moteur en position central arrière et une mécanique… Simca ! Voilà la filiation assurée avec le groupe PSA au gré des rachats, la Matra Murena terminant même sa carrière sous la bannière Talbot. Egalement au musée, il est possible d’apprécier la Matra Rancho, un Sport Utility Vehicle (SUV) à la française et avant l’heure. Qui a dit qu’il ne fallait jamais avoir raison trop tôt ?…
LA VALSE DES ETIQUETTES !
DE 1958 à 70 Chrysler va prendre progressivement le contrôle total de Simca l’englobant dans le groupe Chrysler Europe comprenant également les marques Sunbeam, Alpine (UK), Roots,… Pour Simca c’est une opportunité de jouer les synergies de groupe et de profiter d’une force de frappe internationale. Mais pour les clients rien n’est aussi simple, tout comme pour le réseau Simca qui va devoir entrer en zone de turbulence avec des changements de marques et de logo pas rassurant pour leur avenir et pas toujours simple à expliquer aux clients. En 1978, Chrysler revend sa branche européenne à PSA qui décide de remettre le blason Talbot à l’honneur et supprime définitivement la marque Simca. Les concessionnaires sont sélectionnés laissant souvent sur le carreau le concessionnaire Simca historique au profit de son collègue Peugeot dans la même ville. Bon nombre de ces laissés pour compte prendront le panneau Ford qui cherche à se développer en France.
TALBOT EPISODE 2 : CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCEE ?
Peugeot relance donc Talbot, change les badges et adopte un nouveau logo. La gamme se constitue d’un patchwork de modèles Simca, Chrysler Europe et Matra avec la Murena. Pas simple… PSA puise dans sa gamme pour faire du copier-coller avec la Samba qui est ni plus ni moins qu’une Peugeot 104 ou Citroën LN avec des faces avant et arrière retouchées. La Solara n’est que l’évolution des 1300 tandis PSA tente le haut de gamme avec la Tagora qui recevra même le PRV de 2,8 litres dans une version plus puissante que chez les autres. La Talbot Horizon joue les Golf made in France et s’exporte même aux USA sous la marque Chrysler et joue les sœurs de sa cousine la Sunbeam qui avec le moteur Lotus se permettra de remporter le championnat du monde des rallyes en 1980 avec comme équipage « Pons-Todt ». Mais finalement, malgré une Talbot Samba Cabriolet des plus sympathiques, Peugeot va jeter l’éponge en 1986 et remettre Talbot en sommeil pour une deuxième fois.
PEUGEOT REPREND LA MAIN : UN NOUVEL ARIZONA ?!…
L’usine de Poissy qui a produit jusqu’ici des véhicules Simca puis Talbot doit poursuivre avec la Talbot Arizona. Quézaco ? Pourtant, vous connaissez tous la Talbot Arizona puisque c’est sous la marque Peugeot qu’elle va être commercialisée : la Peugeot 309. Partageant cellule centrale et plateforme avec la Peugeot 205 qui vient de sauver PSA d’une situation économique précaire, la Peugeot 309 doit s’intercaler entre la 205 et la future 405 tandis que la Peugeot 305 plus classique avec sa malle arrière laissera progressivement sa place. La Peugeot 309 va connaitre un beau développement restant fidèle à ses débuts avec son héritage Simca notamment avec certains moteurs culbutés de la Talbot Horizon. Finalement dynamique de groupe oblige, tout va s’harmoniser tandi des des variantes GTI et GTI 16 vont venir apporter un regain d’image à une voiture qui en manquera cruellement toute sa carrière.
ENGAGEMENT EN COMPETITION
Dans les usines de construction automobile, la passion de la compétition automobile est bien présente. Et parfois, comme à Poissy, cela se matérialise par un engagement de quelques amateurs dans les formules de promotion de la marque. Ainsi, c’est dans la coupe Peugeot 309 GTI Turbo que des amateurs de l’usine de Poissy se sont engagés avec passion et professionnalisme, puis ont même osé l’escalade avec la Spyder 905 Cup. Voilà qui rappelle à tous que le travail doit aussi souffler sur la flamme de la passion…
DES DETAILS A FOISON POUR ILLUSTRER L’HISTOIRE DE L’USINE ET LES MARQUES
Le Musée CAAPY de Poissy c’est une sacrée trouvaille avec de nombreux détails. Les tenues des différentes époques des techniciens avec leurs blouses, les bidons d’huile de différentes marques, des postes de travail pour mieux faire prendre conscience des postes à soudure dans les années 80… dans chaque recoin, sur chaque étagère, l’oeil se perd sur des détails et de nombreuses pancartes permettent de comprendre le métier, les évolutions et la fabrication des véhicules. Maquettes, outils, machines… rien ne manque à l’appel et c’est un véritable cours d’histoire industriel qui est ainsi illustré.
Un musée qui mérite amplement le détour. Moins connu et renommé que les grands musées automobiles français à l’aura national (Mulhouse, Lohéac), il n’en demeure pas moins que le musée CAAPY de Poissy mérite amplement le détour en raison de la qualité des véhicules présentés, de la quantité de détails, d’informations qui sont présentes, et surtout il est utile de passer par la visite guidée où des anciens de l’usine vous explique avec détails, passion et une sacrée érudition tout cet univers passionnant. Alors dépêchez-vous d’aller le visiter !
Détails Pratiques :
L’Aventure Automobile à Poissy – CAAPY
212 boulevard Pelletier
78955 Carrières-sous-Poissy
site internet : http://www.caapy.net/association/
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