Bentley a célébré quatre décennies de fabrication artisanale de voitures de grand tourisme turbocompressées en organisant aujourd’hui une parade de dix voitures au Festival de la vitesse de Goodwood. Il y a 40 ans, au salon de l’automobile de Genève, la société a révélé son tout premier modèle de série turbocompressé – la Mulsanne Turbo. Cette berline quatre portes a marqué un tournant dans l’histoire de la société, redéfinissant ses performances et inspirant des titres de presse tels que « Le retour de la Bentley soufflante ».
Au cours des quarante années qui ont suivi la première Bentley turbocompressée, les immenses réserves de puissance et le couple sans effort qui caractérisent les moteurs Bentley sont devenus indissociables de la turbocompression. Les moteurs W12, V8 et V6 actuels bénéficient tous de la turbocompression pour offrir des niveaux de performance et d’efficacité étonnants.
Une suggestion inspirée
À la fin des années 1970, les ventes de Bentley étaient en chute libre ; les clients des principaux marchés, comme les États-Unis, ne connaissaient tout simplement pas l’héritage ou l’éthique de la marque. C’est dans ce contexte morose que le président David Plastow lance un défi intrigant à l’ingénieur en chef John Hollings : « Amusons-nous un peu ». Il propose de turbocompresser le V8 de 6,75 litres qui est le seul groupe motopropulseur de la société depuis 1959.
C’était une suggestion inspirée : sous sa forme atmosphérique, le gros V8 à 90 degrés produisait 200 PS (198,5 ch), mais la conception – par l’ingénieur Jack Phillips – avait le potentiel pour gérer beaucoup plus de puissance, avec une course courte et des dimensions de cylindre trop carrées. Un vilebrequin conventionnel à deux plans offrait un équilibre primaire et secondaire parfait et le bloc était fabriqué en alliage silicium-aluminium. Les pistons étaient en aluminium, le vilebrequin à cinq roulements en acier forgé comportait six contrepoids et la chambre de combustion était un hémisphère modifié, avec une bougie centrale et deux soupapes en tête.
Lorsqu’il était turbocompressé, la puissance du V8 de 6,75 litres passait à 300 ch, conférant à la Mulsanne Turbo une accélération plus rapide que celle d’une Ferrari contemporaine. En 1985, la société a présenté son successeur, la Turbo R, qui présentait des améliorations significatives en matière de maniement et de tenue de route. Un nouveau chapitre de l’histoire de Bentley venait de commencer.
Le Turbo R – Un nouveau chapitre
La Turbo R a été un succès commercial majeur pour Bentley. Une liste d’attente de neuf mois a prouvé que la renaissance de Bentley en tant que marque de haute performance était en cours. 4 111 exemplaires ont été construits au cours de ses 9 années de production.
Au Festival de la vitesse de Goodwood, Bentley Motors présentera sa Heritage Collection Turbo R, un modèle de 1991 en vert Brooklands avec une ligne de carrosserie jaune. L’intérieur est garni de cuir Magnolia, de passepoils en épicéa et de placage en ronce de noyer. Ses spécifications comprennent des freins antiblocage et l’injection de carburant (tous deux ont été introduits en 1987), des sièges sport plus minces et un rapport de transmission final plus élevé.
Grand Tourisme – La Continental R
Avec une vitesse de pointe de plus de 150 mph, la Continental R, lancée à Genève en 1991, était une véritable voiture de grand tourisme à hautes performances, et la première Bentley avec sa propre carrosserie unique depuis la Continental Type R de 1952. Son V8 turbocompressé de 6,75 litres développait 355 ch ; le 0-62 mph ne prenait que 6,6 secondes. Bien qu’elle ne soit pas plus légère que la Turbo R, sa forme plus élégante et plus aérodynamique lui permet d’atteindre une vitesse de pointe supérieure de 9 mph, à 152 mph. L’exemplaire de la Heritage Collection est le tout dernier Continental R Final Series sorti de la chaîne de production, fini en Silver Pearl avec un intérieur en cuir noir.
Réintroduction du V8 de Crewe – Arnage Red Label
Lorsque l’Arnage a été lancée en 1998, elle était équipée d’un V8 BMW de 4,4 litres. Les appels passionnés des propriétaires de Bentley du monde entier et l’intervention personnelle du président du groupe VW, Ferdinand Piëch, ont persuadé la direction de reconsidérer la situation et, peu après l’intégration de la société dans le groupe VW, Bentley a annoncé une nouvelle Arnage « Red Label » avec, sous le capot, le bien-aimé V8 de 6,75 litres dérivé de Jack Phillips. Sous cette forme, il développait 405 PS (400 ch) et 835 Nm, redonnant à l’Arnage le caractère de « vague de couple » sans effort qui avait été une caractéristique si distinctive du Turbo R. Le repère 0-62 mph ne prenait que 6,3 secondes, avec une vitesse de pointe contrôlée de 155 mph.
Style intemporel – Brooklands
L’attrait durable du V8 6,75 litres de Bentley et la demande continue pour un savoir-faire artisanal de haut niveau ont incité Bentley à proposer un coupé en édition limitée basé sur la plate-forme de l’Arnage. D’autres révisions du V8 6,75 litres biturbo ont porté la puissance à 535 PS (530 ch) avec un couple de 1 050 Nm. La vitesse maximale était de 296 km/h et le sprint de 0 à 62 km/h s’effectuait en 5,3 secondes – des chiffres remarquables pour un coupé de luxe de 2,7 tonnes. Le Brooklands de la collection Heritage est le dernier exemplaire produit, il a quitté la chaîne de production en janvier 2010. L’extérieur est fini en gris anthracite, tandis que la couleur principale du cuir de l’intérieur est le fauve de Newmarket avec un cuir secondaire anthracite.
La Mulsanne
Au moment de la sortie de la nouvelle Mulsanne en 2010, chaque composant du moteur et évolué et le V8 de 6¾ de litre ne partageait que ses principales dimensions internes et sa disposition avec ses prédécesseurs. Le calage variable des soupapes et la désactivation des cylindres garantissaient qu’il était jusqu’à 99 % plus propre et bien plus économe en carburant qu’un V8 de Bentley des années 1950 – en effet, il était théoriquement possible de faire tourner le V8 de la Mulsanne au ralenti sur les gaz d’échappement de l’original de 1959.
Dans la Mulsanne 2010 de la Bentley Heritage Collection, ce moteur développait 512 PS et un couple de 1 020 Nm, ce qui conférait à la Bentley une vitesse maximale de 184 miles à l’heure et un temps de 0 à 62 miles à l’heure de 5,1 secondes.
Le modèle de la collection Heritage est le deuxième à avoir été construit, le châssis 000002. Il est fini en bleu impérial avec un intérieur garni de cuir sablé comme cuir principal et de bleu impérial comme cuir secondaire. Le placage est en ronce de noyer.
L’année 2020 a vu la dernière Mulsanne, l’édition 6.75, et donc la dernière itération du V8 6,75 litres « Jack Phillips » après plus de soixante ans de production.
2003 : L’ère du W12 commence
La Continental GT, lancée en 2003, était la première Bentley entièrement nouvelle depuis la 3 litres originale de 1919, sans aucun composant reporté d’une génération précédente. La nouvelle Bentley était équipée d’un moteur W12 de 6,0 litres biturbo à 48 soupapes, soit deux moteurs V6 étroits sur un même vilebrequin. Cette conception présentait de multiples avantages : il était compact, ce qui permettait de le monter plus près du milieu de la voiture, il était extrêmement souple et il conférait à la nouvelle Bentley les caractéristiques de puissance à couple élevé d’une grande routière naturelle, avec une puissance de 560 PS (552 ch) et un couple de 650 Nm. Le moteur W12 est devenu le moteur phare de la gamme Bentley jusqu’à aujourd’hui, avec une évolution constante à chaque génération pour améliorer la puissance, le rendement énergétique et réduire les émissions. La première génération de Continental GT Supersports, lancée en 2009, est devenue la première Bentley Flex-Fuel, capable de fonctionner avec n’importe quelle combinaison d’essence et de bioéthanol sans réduction de puissance. Un système de gestion du moteur révisé et une meilleure gestion du flux d’air ont permis de porter la puissance à 621 ch. Ces changements, associés à une nouvelle transmission Quickshift, ont permis d’atteindre le 0-62mph en seulement 3,7 secondes. La Bentley Heritage Collection Supersports est à nouveau la dernière voiture construite.
Un V8 Bentley plus efficace
Le premier nouveau moteur V8 de Bentley depuis plus de 50 ans a fait ses débuts en 2012 avec la Continental GT V8. Son V8 de 4,0 litres était doté de la technologie de désactivation des cylindres, d’un montage de turbo » côté chaud intérieur « , d’une récupération d’énergie via l’alternateur et d’une gestion du moteur par microprocesseur TriCore™ 32 bits. Associé à une nouvelle transmission automatique à huit vitesses, le nouveau V8 a permis une amélioration de 40 % de la consommation de carburant par rapport au W12 de 6,0 litres, tout en produisant 500 ch et 660 Nm de couple. L’un des points forts de la deuxième génération de Continental GT a été le V8 S, dont la puissance a été légèrement augmentée pour atteindre 521 ch et 680 Nm de couple, et qui était représenté à Goodwood par l’exemplaire de la Heritage Collection en Jetstream.
Encore plus d’émotion – Continental GT S
Au Festival of Speed de cette année, la nouvelle gamme de modèles S de Bentley fera ses débuts dans le monde entier – le Continental GT S, le Continental GTC S et la Flying Spur S. Tous sont équipés du dernier V8 de 4,0 litres et représentent un avantage plus net, avec un accent sur les performances de conduite et la présence visuelle.
Quarante ans de turbocompression Bentley
Aujourd’hui, les avantages de la turbocompression ont vu son adoption universelle, des voitures de ville aux supercars. Mais en 1982, Bentley a fait preuve d’audace en adoptant cette technologie, ce qui s’est avéré très payant. Pour reprendre les termes de l’historien de l’automobile Eric Dymock, cette décision a permis de « retrouver l’âme de Bentley ». Cette âme, on peut la ressentir aujourd’hui dans les modèles Bentley W12, 4.0 V8 et V6 hybride ; le raz-de-marée de couple qui fait partie intégrante de l’attrait de Bentley doit beaucoup au turbocompresseur.
