Donkervoort S8AT

Donkervoort S8AT
1986 – 4 cyl. en ligne 8V Turbo
170 ch – 220 km/h
685 kg

Avec l’arrivée du catalyseur, Joop Donkervoort doit trouver une solution pour que son interprétation de la Lotus Seven ne soit pas pénalisée en performance. C’est donc fort logiquement que la Donkervoort SA8 lancée en 1985 est épaulée dès l’année suivante par une variante équipée d’un turbocompresseur. La Donkervoort S8AT est identique à l’extérieur à la S8A. Seules exceptions notables, l’inscription stylisée sur l’échappement latérale avec « S8AT » et les grilles supplémentaires sur le capot qui permettent de savoir que l’on est en présence d’un sacré pétard hollandais. Toujours très basse (1,10 mètres), compacte et ramassée (3,40 mètres de long et 1,73 mètres de large), la Donkervoort S8AT assure le spectacle dans la rue et captive les regards des passants. Ailes rapportées à l’ancienne, physionomie de barquette de course pour deux, la Donkervoort S8AT quoique fidèle au concept initial de la Lotus Seven puis des Caterham, a su imprimer sa marque avec un museau inédit depuis la S8A, des jantes cinq branches au dessin spécifique et une qualité d’assemblage d’un niveau très supérieure aux réalisations anglaises quitte à sacrifier quelques précieux kilos sur l’autel de la finition. Pas bien grave, car avec son turbocompresseur, la S8AT efface ses concurrentes et vient jouer dans la catégorie des GT supersportives…

    La Donkervoort S8AT profite de ses 170 ch « soufflés » pour changer de catégorie en matière de performances. Moins homogène dans son comportement que sa sœur atmosphérique, elle détone chrono en main avec ses sensations à fleur de peau pour son conducteur…

    Reprenant le vénérable 1 993 cm3 Ford Pinto OHC, toujours placé en position longitudinale avant, Dobkervoort a du sérieusement se pencher sur son cas pour l’adapter au turbocompresseur et à la hausse des performances. Pour résister aux nouvelles contraintes, tout l’équipage mobile a été repensé. C’est chez Cosworth que Donkervoort a pioché les nouveaux pistons forgés tandis que de nouvelles bielles et chemises intègrent le bloc identique. Les soupapes sont plus grosses et refroidies au sodium et s’activent dans la culasse en alliage retravaillée. On retrouve toujours un arbre à cames en tête entraîné par courroie crantée. Le taux de compression est passé de 9 à 8.2:1. C’est chez Garrett que Donkervoort a trouvé son turbocompresseur (un T3) qui n’est pas refroidi par eau. La puissance progresse de 45% en passant de 117 ch à 170 ch à 5 200 tr/mn. Le couple est également plus conséquent en passant à 216 Nm à 4 000 tr/mn. Des valeurs bien plus exceptionnelles que celles de la S8A tandis que le poids global de la Donkervoort S8AT ne prend que 10 kilos de plus. La boîte de vitesses à 5 rapports ainsi que son rapport de pont est inchangée. Ainsi gréée, la Donkervoort S8AT change de catégorie face au chronomètre avec un 0 à 100 km/h en 4’’8 et une vitesse de pointe qui grimpe à 220 km/h (+15 km/h). Du souffle, elle n’en manque pas et il faut un premier temps d’adaptation pour se familiariser à ces nouveaux repères de performances. Le châssis (tubulaire recouvert de panneaux en aluminium collés et fixés avec des rivets) est à nouveau élargi et rendu considérablement plus rigide. La voiture est aussi équipée de nouvelles suspensions tant à l’avant qu’à l’arrière en conservant le principe des doubles triangulations et des quatre roues indépendantes. Le freinage est confié à des freins à disques ventilés avant et des tambours arrière, tandis le système de freins est doublé avec la possibilité d’équilibrer le freinage sur l’avant et l’arrière. Vous avez dit voiture de course ? Peut être pas, mais une sacrée voiture de sport à la conception soignée et dédiée à la performance. La direction à crémaillère est sans assistance pour un meilleur ressenti (viril) de la route. Seules les évolutions à basse vitesse rendent la direction lourde. Mais dès que la vitesse s’accélère, c’est le nirvana avec précision et remontées d’informations précieuses. D’une manière plus globale, l’ensemble des commandes sont fermes et nécessite une conduite engagée de la part du conducteur. Un retour aux sources des sensations bienvenue et vivifiant. Les roues alu sont d’un diamètre de 15 pouces et montées en pneus Yokohama 205/50 ZR15 AV et 225/50 ZR15 AR. A noter que le diamètre de braquage est excellent avec 8 mètres pour 3,25 tours de volant. Si les qualités dynamiques de la Donkervoort reste fidèles aux principes maison et à ceux de la S8A, la Donkervoort S8AT perd de son homogénéité avec la hausse très nette des performances. Notamment l’amortissement semble moins pertinent avec un confort et un placage du train arrière au sol moins probant. Néanmoins, les sensations de conduite sont bien au rendez-vous avec un caractère sportif accompli et hypertrophié. Quelle gifle les accélérations ! L’habitacle est plus grand et habitacle que celui d’une Caterham. Ah bon ?… Le pire c’est que c’est vrai : plus de place pour les pieds au niveau du pédalier (éviter les gros godillots), ainsi que pour le corps (merci les baquets signés Corbeau). L’intérieur est très bien fini et présenté même si cela reste très minimaliste avec un équipement réduit au minimum. Tout est concentré pour le plaisir de piloter (ou conduire c’est selon) mais pas voyager même si le coffre autorise quelques affaires pour voyager à deux. Oubliez autoradio, allume cigare ou autres détails nécessairement futiles dans une voiture de sport radicale. La capote rend l’accès à bord délicat (acrobatique même), et rouler vite engendre rapidement des remous d’air dans l’habitacle qui impose de laisser les portes en place.

    Notre avis
    cropped-emoticon.jpgAutant vous le dire de suite, nous étions sacrément emballés par la version atmosphérique de l’année précédente. Mais là, force est de constater qu’avec 45% de puissance en plus, on comprend très nettement que les clients fans de la marque fondée par Joop demandaient plus de puissance. Certes, la Donkervoort S8AT est un peu moins homogène et plus pointue dans son pilotage aux limites. Mais le gain en sensations et performances est réellement hallucinant. Le concept d’un poids léger cher à Colin Chapman fait toujours ses preuves et nous fait toujours nous interroger pourquoi les autres constructeurs de voitures de sport ne luttent pas plus contre la prise de poids ? Reste le cas du prix très relevé de la Donkervoort S8AT affiché à près de 300 000 FF. Certes, c’est excessif dans l’absolu, surtout eut égard à la polyvalence d’usage très limitée. Mais si on met en perspectives le niveau de performances, c’est chez Ferrari et Porsche qu’il faut aller chercher pour avoir le même niveau. Vu comme cela, c’est sur que…

    Autres versions :
    Donkervoort S8

    Les Rivales :
    Light Car 1980, 1986

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    Avant d’acheter
    Produite en (toute) petite série, la Donkervoort S8AT a été fabriquée et vendue de 1986 à 1994. Inutile donc de s’attendre à en croiser beaucoup dans les petites annonces ni même dans la rue. Il faut attendre patiemment qu’un actuel propriétaire daigne accepter de se séparer de sa « Donk’ » comme les appellent les afficionados de la marque hollandaise. Robustes et bien construites, les Donkervoort S8AT sont généralement fiables et solides, et résistent bien aux affres du temps. D’autant plus qu’en raison d’une philosophie radicale et extrême, leur usage les confine généralement aux balades ou aux sorties circuits. Résultat, il n’est pas rare que les kilométrages affichés semblent peu élevés eut égard au nombre des années. Il faut surveiller à l’achat l’état de la structure tubulaire composant le châssis pour s’assurer que l’auto n’a pas tapé et été refaite avec des malfaçons. Le bloc Ford est éprouvé et robuste et ne nécessite que l’entretien courant classique. Doté d’une courroie de distribution il faut juste penser à la remplacer tous les 5 ans ou 80 000 km. Attention au turbocompresseur Garrett T3 qui n’est pas refroidi par eau et qui mérite donc toutes les attentions : lubrification soignée, pas de coup de gaz à la coupure du moteur, laisser monter en température avant d’attaquer et laisser tourner quelques secondes avant d’éteindre le moteur. Les pièces d’usures classiques (freins, pneumatiques) résistent longtemps grâce au poids inférieur à 700 kilos. Attention à ce que le modèle convoité soit bien complet avec tous ses éléments, faute de quoi il faut mettre la main au portefeuille. Se rapprocher de clubs de passionnés n’est pas inutile étant la rareté des Donkervoort et la méconnaissance de ces autos de la majorité des professionnels. Il convient de faire un contrôle et un resserrage des trains roulants régulièrement, surtout dans l’optique d’une pratique assidue de track days. Enfin pensez à contrôler les 4 rotules des tirants de chasse (jeu possible vers 45/50 000 km). Privilégiez les modèles postérieurs à 1990 équipés de freins à disques à l’arrière également.

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    TOPLook terrible ǀ Esprit de Colin Chapman ǀ Lotus Seven plus qualitatitive ǀ Qualité de finition ǀ Poids contenu ǀ Tenue de route diabolique ǀ Sensations de conduite ǀ Performances !! ǀ Mécanique de série ǀ Comportement facile à appréhender ǀ Plaisir de conduite ǀ Position de conduite ǀ Place à bord améliorée vs les Caterham ǀ Adaptation turbo réussie FLOPTarif salé ! ǀ Polyvalence d’usage ? ǀ Réseau de réparation réduit en France ǀ Direction virile dans les manœuvres ǀ Visibilité capote en place ǀ Délicate à la limite ǀ Les autres véhicules ne vous voient pas ! ǀ Homogénéité de comportement dégradé ǀ pas de repose pied gauche conducteur

      Fiche Technique

      Marque :
      Gamme :
      Année :
      PA – Prix neuf :
      Moteur :
      Puissance :
      Couple :
      Suralimentation:
      Transmission :
      Poids (RPP) :
      Freins :
      Roues :

      Performances :

      Donkervoort
      S8AT
      1986
      10 CV – 280 000 FF
      4 cylindres en ligne 8 soupapes (1 ACT) –2 174 cm3
      170 ch à 5 200 tr/mn (85,30 ch/litre)
      216 Nm à 4 000 tr/mn (108,38 Nm/litre)
      turbocompresseur Garrett T3 (Ø ND bars)
      propulsion + BV5 manuelle
      685 kilos (4,03 kg/ch)
      2 disques ventilés AV et 2 tambours pleins AR
      jantes alu 15″ AV et AR + pneus en 205/50 ZR15 AV et 225/50 ZR15 AR
      0 à 100 km/h en 4‘8; 220 km/h, km DA en 27’’7

      Textes : Morgan Goupil (Alis Webzine) – Photos : D.R

      Donkervoort S8AT
      Donkervoort
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