Lorsque Lancia dévoile en mars 1975 sa nouvelle Lancia Beta Montecarlo au salon de Genève en première mondiale, il est difficile d’imaginer un chemin aussi tortueux qui l’a conduit à brandir le fanion Lancia. A l’origine, Pininfarina a planché sur un prototype pour le compte de Fiat, mais c’est le rusé Bertone qui a remporté le marché avec la Fiat X1/9. Pas grave, le carrossier de Grugliasco va faire évoluer son projet pour prévoir un V6 à l’image de la Lancia Stratos. Mais la crise du pétrole passant par-là, et l’intérêt de Lancia de se doter d’un nouveau porte-drapeau sportif, c’est donc sous la forme de la Lancia Beta Montecarlo équipée d’un quatre cylindres que le projet va se concrétiser. Et force est de reconnaître que Pininfarina a réalisé un sacré dessin, dont le profil semble idéalement proportionné et tendu, malgré des proportions menues : moins de 4 mètres de long, 1, 70 mètre de large et 1,19 mètre de haut. Voilà qui est gage d’une belle agilité. Qui a dit une mini Ferrari 512 BB ?… Stricte deux places avec moteur en position central arrière, la Beta Montecarlo se présente comme une berlinette. Son profil arrière vient mourir avec élégance, et cache une capot plat et une lunette arrière verticale, comme sur la Dino 246 GT. Le pare-brise très incliné dans le prolongement du capot assez long, donne une sacrée impression de dynamisme et imprime la sensation de vitesse. La proue est inversée avec ses grosses optiques qui encadrent la calandre Lancia. Le postérieur de la Montecarlo (en un seul mot, prononcé à l’Italienne) est très court et concis flanqué de ses petits phares qui encadrent la plaque d’immatriculation. Les jantes alu de 13 pouces semblent bien menues, tandis que la Beta cède à la mode du plastique autant décoratif que protecteur…

En voilà une surprise !… La Lancia Beta Montecarlo se distingue avec son architecture de berlinette de sport. Efficace et agile, agréable à conduire, il ne lui manque plus qu’un moteur plus puissant pour en tirer la quintessence. En attendant, l’offre est alléchante…

Initialement mis sous le capot des Fiat 124 coupé en 1966, le quatre cylindres en ligne imaginé par Aurelio Lampredi poursuit sa carrière avec succès. De toutes ses variantes, c’est le 1 995 cm3 qui a été retenu avec son alésage de 80 mm et sa course de 94 mm. Il est placé dans la Montecarlo en position transversale centrale arrière. Très moderne sans sa conception, il est certes constitué d’un bloc en fonte mais est coiffé d’une culasse en aluminium. Et cette dernière recèle une distribution à double arbres à cames en tête qui animent les huit soupapes par l’intermédiaire d’une courroie crantée. Le taux de compression est fixé à 8,9:1. L’alimentation est très conforme à ce qui se pratique chez les constructeurs italiens avec un carburateur double corps. La puissance ainsi délivrée est de 120 ch à 6 000 tr/mn et le couple de 165 Nm à 3 500 tr/mn. La boîte de vitesses est manuelle à 5 rapports, et la transmission se passe par les roues… arrière ! C’est bien là l’une des différences de conception majeures avec le reste de la gamme Lancia, puisque le constructeur italien, à quelques exceptions près, s’est fait le chantre de la traction avant à l’instar de Citroën. Les performances sont intéressantes, mais pas surprenantes au regard de la ligne de la Beta Montecarlo, puisque le 0 à 100 km/h est abattu en 9’’3; et la borne kilométrique depuis l’arrêt en 30’’2. La vitesse maximale plafonne à 190 km/h. Intéressant, mais pas aussi convaincant que la pourtant vieillissante Alfa Romeo Giulia 2000 GTV. Ce qui est très séduisant, est surtout la disponibilité de cette belle mécanique à bas régime, et sa faculté à prendre des tours avec aisance et sans résistance. Avec son poids contenu à 1 040 kilos, cela autorise une certaine autonomie à la Montecarlo (réservoir de 59 litres) qui consomme moins de 8 litres au cent de moyenne. Les trains roulants sont à quatre roues indépendantes, ayant recours à la technique McPherson complétée avec un levier triangulaire transversal inférieur, un bras transversal auxiliaire et une barre anti-roulis. Les roues en alu de 13 pouces et chaussées de pneus en 185/70 HR13 abritent quatre freins à disques pleins. La direction à crémaillère est sans assistance et assez directe. Nous sommes ainsi dans le point particulièrement marquant et fort de la Lancia Beta Montecarlo : sa tenue de route. Agile, toujours confortable avec un amortissement souple qui se joue des irrégularités, la Beta Montecarlo est facile à conduire en toutes circonstances. Le freinage est puissant mais

peut montrer quelques signes de fatigue si c’est répété, tandis que dans les enchaînements serrés, la Lancia n’a pas son pareil pour se faufiler… jusqu’à ce que sa mécanique trop modeste montre ses limites. C’est peut-être là son drame, manquer de tonus moteur, ou mieux… une âme plus noble avec un coffre accru. En guise de coffre, c’est devant que ça se passe pour les bagages. L’habitacle réservé à deux personnes est assez étroit, et se propose en cocon. La planche de bord offre un dessin inédit et différent des autres Beta, et la finition est particulièrement originale avec sa sellerie en sky, et ses rembourrages souples un peu éparses pour les chocs. Le volant deux branches à trous, face au conducteur, offre une belle position de conduite grâce aux sièges particulièrement agréables et bien étudiés. L’instrumentation est complète, même si le tachymètre gradué jusqu’à 260 km/h prête à sourire… L’équipement de série est complet.

Autres versions :
Lancia Beta

• Lancia Beta Coupé 1300
• Lancia Beta Coupé 2000ie
• Lancia Beta HP Executive 2000ie
• Lancia Beta Montecarlo Serie 1
• Lancia Montecarlo Serie 2
• Lancia Rally 037 Stradale

Les Rivales :
Coupé Sport 1970, 1975

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Avant d’acheter
Les Lancia Beta Montecarlo sont réputées pour la robustesse de leur moteur signé Aurelio Lampredi. Fiable si entretenu, il dépasse allègrement les 200 000 km. A la condition de ne pas être matraqué à froid et respecter les temps de chauffe ainsi que remplacer l’huile moteur tous les 5 000 km. La Lancia Beta Montecarlo a été produite au total à près de 7 800 exemplaires toutes variantes confondues de 1975 à 1982 avec une interruption en 1979. Dans ce décompte, il y 5 638 premières série (dont 3 558 targa) de 1975 à 1978 et 1 940 deuxième série (dont 817 targa) de 1980 à 1982. Sans compter les 1 805 exemplaires de Lancia Scorpion (1976-77) qui était moins motorisée et vendue aux USA. Il faut donc se montrer patient. D’autant plus que la maladie la plus connue des Lancia Beta, tous modèles confondus (Coupé, Spyder, HPE, Montecarlo, berline) est la corrosion endémique. Bas de caisse, longerons, passages d’ailes avant et arrière, tours de vitres, baie de parebrise… c’est bien simple n’est rien épargné à ces belles italiennes. Résultat, il faut privilégier une auto qui a un historique de propriétaires méticuleux avec garage fermé et au sec de préférence… Les pièces ne sont pas toutes disponibles loin s’en faut, et il ne faut pas hésiter à se préparer au fil de l’eau un lot de pièces d’occasion. Les pépins électriques sont fréquents (connectiques ou problèmes de masse), tandis l’habitacle vieillit assez mal si les précédents propriétaires n’ont pas été soigneux. Les Lancia Beta Montecarlo sont des autos peu onéreuses à l’achat mais qui nécessite un minimum d’entretien et d’attention, souvent peu en rapport avec le prix d’acquisition.
Entretien : Tous les ans ou 10 000 km + vidange tous les 5 000 km.

Mots clés : Lancia | Beta | Monte Carlo | Scorpion | Abarth | Pininfarina | Lampredi | Grugliasco | Chivaso | Turin | Coupé Sport | LANCIA BETA MONTECARLO SERIE 1 | COUPE SPORT

✔ TOP Look de berlinette ǀ Tenue de route ǀ Freinage ǀ Performances ǀ Confort de suspensions ǀ Consommation ǀ Position de conduite ǀ Habitacle sport ǀ Sièges bien conçus ǀ Design réussi ǀ Instrumentation ǀ Moteur souple et agréable ǀ Agilité ǀ Polyvalence d’usage ǀ Présentation intérieure originale

✖ FLOP Rétrovision ¾ AR ǀ Prix ǀ Habitabilité mesurée ǀ Pour deux personnes seulement ! ǀ Equipement de série un peu juste ǀ Commande de boîte ferme

Textes : Morgan Goupil (Alis Webzine) – Photos : D.R

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Lancia Beta Montecarlo Serie 1, 10.0 out of 10 based on 2 ratings