En octobre 1973, au salon de Paris, c’est la surprise sur le stand Dino – Ferrari avec la nouvelle Dino 308 GT4. Pour mieux comprendre, il faut conjuguer deux facteurs clés : la prise de contrôle de Ferrari Spa par Fiat en 1969 (Ford en sait quelque chose…) et la marque Dino qui permet à Ferrari de ratisser « par le bas » sans toucher à l’image du Cavallino Rampante qui se cantonne aux GT à mécanique V12. Et Fiat a des idées arrêtées sur la future Dino, puisqu’elle devra avoir deux places d’appoints arrière, et toujours le moteur central arrière. Une gageure ? D’autant plus que le cahier des charges stipule que l’empattement doit être de 2,55 mètres et la longueur hors tout inférieure à 4,40 mètres. Impossible n’est pas Bertone, puisque avec son premier crayon Marcello Gandini, ils vont imaginer une ligne en coin tendue avec un capot court et phares escamotables, et avec une cabine avancée pour libérer de la place pour les places arrière dans un empattement aussi court. Un pli latéral court tout du long du profil pour affiner l’ensemble. La poupe est particulièrement travaillée, avec un pan coupé et de grosses optiques rectangulaires (où sont passés les feux ronds élégants de la Dino 246 GT ?), tandis que la lunette arrière est quasi droite, afin de ménager deux capots : un pour l’accès au V8 et un pour le coffre. Puisque V8, deux doubles sorties d’échappement se dressent vindicatives comme un signe distinctif, tandis que les jantes alu de 14 pouces reprennent le dessin des Spider et Coupé Dino Fiat. La ligne de la Dino 308 GT4 est très moderne, et se joue avec talent des écueils de l’architecture imposée. Mais comme tout ce qui est nouveau, c’est le choc pour les tifosi, d’autant que c’est la première fois depuis 1953 que Pininfarina ne dessine pas une Ferrari (enfin une Dino). Pourtant, des qualités, la Dino 308 GT4 en est pétrie à commencer par son V8…

Une fois digérée la ligne moderne et innovante de la Dino 308 GT4, c’est le carton plein entre un V8 volubile et disponible, une tenue de route excellente de stabilité et agilité, et une polyvalence d’usage autorisée par ses deux places arrière…

C’est la grande nouveauté sous le capot arrière, placé en position transversale arrière, son V8 avec un V à 90° de 2 926 cm3 inédit à Maranello. Si l’architecture V8 est connue sur les voitures de course (même champion du monde 1964 avec la Ferrari 158 F1), c’est nouveau dans les voitures de route. Le bloc est en alu avec ses chemises en fonte. Et, c’est nouveau, les V8 sont assemblés à Maranello. Le vilebrequin plat sur cinq paliers dont les manetons sont décalés de 180°. A noter que les bielles, fixées par paire sur le vilebrequin, sont reprises aux moteurs V12 contemporains et sont interchangeables. La distribution est particulièrement évoluée avec deux arbres à cames en tête par rangée de cylindres entraînés par des courroies crantées reliées au vilebrequin. C’est ainsi la généralisation progressive des courroies de distribution plus silencieuses que les chaînes de distribution. Les soupapes forment entre elles un angle de 46°. L’alimentation est confiée à une batterie de quatre carburateurs inversés double corps Weber 40 DCNT et l’allumage est assuré par deux distributeurs entraînés par les arbres à cames et alimentés par un dispositif électronique Dinoplex Marelli. La lubrification reprend le principe des précédentes Dino avec un carter unique pour moteur, boîte de vitesses et le différentiel autobloquant ZF. Le taux de compression est toujours de 8,8:1. Très sonore, ce V8 délivre 255 ch à 7 700 tr/mn et un couple de 284 Nm à 5 000 tr/mn. La boîte de vitesses, dont le levier glisse dans la grille métallique, est manuelle à cinq rapports. Profitant d’un poids général à sec de 1 150 kilos annoncés par Ferrari, la Dino 308 GT4 s’autorise de sacrées performances, surtout pour une quatre places : 250 km/h, km DA en 26’’2. Le groupe propulseur est fixé par quatre points sur le châssis en tubes soudés repris aux Dino 246 GT. Idem pour les suspensions à trapèzes superposés. Le freinage est puissant et endurant grâce à ses quatre disques ventilés. Les jantes alu de 14 pouces sont montées en 205/70 XVR14. La direction à crémaillère est particulièrement directe avec 3 tours ¼ de butée à butée. Très précise et agréable, on constate néanmoins quelques remontées dans la direction sur chaussée dégradée. La Dino 308 GT4 est particulièrement aboutie dans sa mise au point, et est, de ce point de vue-là, certainement pas une Ferrari au rabais bien au contraire. Agile dans les enchaînements, la 308 GT4

étale ses qualités dynamiques en toutes circonstances et peut s’appuyer sur une motricité sans faille. Léger sous-virage en entrée de courbe, maîtrise à l’accélérateur et c’est l’éjection du virage telle une boule de flipper ! La tenue de cap à haute vitesse est impeccable et à la portée de la plupart des conducteurs. Surtout que le V8 se montre très disponible et pousse à tous les étages. L’habitacle offre une belle lumière et visibilité latérale, pas toujours courant sur les voitures à moteur central arrière. La planche de bord est particulièrement bien étudiée, tournée vers le conducteur, avec une instrumentation fournie et une belle ergonomie. La position de conduite est parfaite, à l’exception de l’inclinaison du volant qui impose de régler l’inclinaison du siège assez couchée. Les places arrière sont plus de l’appoint, et réservées à de courts trajets ou des enfants. L’équipement de série est complet, tandis que le coffre de 250 dm3 est relativement menu et soumis aux calories du V8…

Autres versions :
Ferrari-308-328

• Dino 246 GT
• Dino 308 GT4
• Ferrari 308 GTB Quattrovalve QV
• Ferrari 308 GTS QV
• Ferrari 328 GTB

Les Rivales :
GT Sport 2+2 1970, 1973

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Avant d’acheter
La Dino 308 GT4 a connu deux badges différents : Dino de 1973 à 1976 et Ferrari de 1976 à 1980. Une carrière assez longue avec un succès réel commercial puisqu’au total nous comptons 3 636 exemplaires vendus en 308 GT4 et 208 GT4. Cette dernière version est vendue à compter de 1975 avec une cylindrée limitée à 2 litres pour des raisons fiscales en Italie (170 ch et 200 km/h en vitesse maxi). Par cylindrée, 840 exemplaires Dino Ferrari 208 GT4 et 2 796 exemplaires Dino Ferrari 308 GT4 ont été produits. Souvent boudée sur le marché en raison d’un design plus singulier et hors « Pininfarina », les Dino et Ferrari 308 GT4 méritent amplement le détour en raison de réelles qualités dynamiques et routières, ainsi qu’un V8 sportif et performant. La Dino/Ferrari 308 GT4 est réputée fiable si l’entretien est suivi, l’essentiel étant porté sur la difficulté de réglages des 4 carburateurs double corps pas à la portée du premier mécanicien venu, et la distribution qui est à remplacer tous les 80 000 km ou 4 ans et impose la dépose du V8. Vous l’aurez compris, comme de coutume avec les productions de Maranello, l’entretien est exigeant et onéreux. Et si la 308 GT4 est moins onéreuse à l’achat, le coup d’entretien et de réparation est le même que pour une Ferrari 308/328 GTB/GTS par exemple. Bon à savoir car la bonne affaire est à l’achat, mais aucunement à l’après-vente. N’est pas un bolide rouge ou jaune qui veut sans attendre des factures conséquentes. Factures qui doivent prouver un historique clair et limpide dans le réseau officiel Ferrari ou des spécialistes reconnus. Sans cela, passez votre chemin le risque n’en vaut pas la chandelle…
Entretien : tous les ans ou tous les 10 000 km

Mots clés : Dino | Ferrari | 308 | GT4 | V8 | Bertone | GT | Grand Tourisme | 2+2 | Maranello | Coupé Sport | DINO 308 GT4 | COUPE SPORT | GRAND TOURISME

✔ TOP Polyvalence d’usage ǀ Performances ǀ Tenue de route impeccable ǀ Présentation intérieure ǀ V8 superbe et sonore ǀ Places arrière d’appoint ǀ Ligne moderne ǀ Reprises ǀ Direction directe ǀ Freinage ǀ Equipement de série ǀ Confort préservé ǀ Position de conduite ǀ Visibilité ¾ AR ǀ Ergonomie des commandes

✖ FLOP Consommation ǀ Prix ǀ Inclinaison trop prononcée du volant ǀ Design controversé ǀ Accès aux places AR ǀ Volume du coffre limité et soumis aux températures du V8 ǀ Image ? ǀ Détails de finition intérieurs ǀ Remontées dans la direction

Textes : Morgan Goupil (Alis Webzine) – Photos : D.R

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